03/31/2023
Pour une communication responsable
Nous sommes biologiquement attirés par les informations négatives. Nous nous préparons instinctivement à réagir et à anticiper le pire pour notre survie, c'est inné et cela fait de l'audience.
En ces temps troublés ou la peur saisit les rennes de nos émotions, l'humeur est à la réaction à chaud, ce que Régis Debray nomme la "soumission panique à l'urgence." Après l'attentat de Nice, certains de nos dirigeants et personnalités publiques se sont livrés à une prise de parole réactive, une cacophonie médiatique laissant un sentiment de débat de place publique moyenâgeux.
Face à une population hébétée et terrorisée, ne devaient-ils pas faire preuve d'exemplarité plutôt que d'apporter encore plus d'eau aux moulins des plus bas instincts de leurs concitoyens qui, dans leur immense peine et crainte du pire, cherchent des boucs émissaires? Quid de la responsabilité et de la dignité? Les grands événements ne méritent-ils pas le temps de la réflexion?
Cette surenchère nous fait douter de leur capacité à nous gouverner et pire encore nous désunit, ce qui est l'exact objectif de nos agresseurs. Remettons-nous aussi en question et ne demandons pas à nos gouvernants de s'exprimer quand ils n'ont encore rien à dire et, respectons-les car ils ont besoin de notre soutien pour lutter contre l'horreur. Leur situation n'est pas enviable.
Sans tomber dans le déni, mesurons nos propos, ne mélangeons pas tout, cultivons-nous, réfléchissons et choisissons des médias responsables. Si nous n'avons pas de solution à proposer, taisons-nous et ne retournons pas notre colère contre nous-même.
La question de la responsabilité des médias et de notre propre responsabilité est essentielle. Le monde n'est pas fait que de mauvaises nouvelles mais nous sommes biologiquement attirés par les informations négatives. Nous nous préparons instinctivement à réagir, nous anticipons le pire pour notre survie, c'est inné et, cela fait de l'audience. Pire, nous sommes dorénavant en perfusion permanente de catastrophes: Internet nous permet d'accéder à tous les malheurs du monde sans aucune
Comment croire en demain, retrouver un peu de joie, faire preuve de solidarité quand nous sommes abreuvés de mauvaises nouvelles, de polémiques, quand tout semble perdu? Obligeons-nous à changer pour lutter contre la fascination du pire et ses risques auto-réalisateurs. Ayons le courage de la bienveillance et de l'optimisme malgré tout. Soyons dignes et respectons la mort et le deuil sans nous approprier des drames qui ne nous appartiennent pas. Voyons nos familles, nos amis et célébrons ce qui va bien.
Instaurons un quota minimum de bonnes nouvelles dans nos médias! Innovations, santé, culture, écologie... Les sujets ne manquent pas et les journalistes ont le pouvoir et la responsabilité de participer à cette transformation. Le film Demain qui a dépassé le million d'entrées prouve que ce changement est possible et même attendu.
Ensemble, montrons l'exemple et faisons de cet élan positif une force, un projet commun et, un succès dont nous serons fiers.