20/01/2023
Le lion, un jour, quitta la brousse et vint en ville où il se maria avec une brebis qu’il ramena avec lui dans la forêt. Tous les animaux fêtèrent l’événement à grands frais, et la nouvelle se répandit bien vite, comme un feu de brousse.
- Un lion, épouser une brebis ! Quel scandale et quelle honte ! répétaient les animaux.
À ces critiques faites à basse voix le lion répondait tout haut :
- Et pourtant, j’aime beaucoup ma femme brebis.
Cependant, seule l’hyène, profondément en choc, réfléchissait :
- Malgré tout ce qu’on pense de moi, je vais quand même montrer que les qualificatifs de lâche et de poltron qu’on m’attribue ne sont que purs mensonges et viles médisances.
Elle vint trouver le lion chez lui, à la tombée du jour :
- Majesté Lion, dit-elle, il est clair pour tout le monde que tu es le plus respectueux, le plus majestueux de tous les animaux de la terre, mais tu as pris comme épouse une sorte d’individu niais et bête qui ne lève jamais la tête même vers le ciel qui l’a accueilli. Vraiment, tu ne mérites pas pareille épouse, tu fais traîner ton nom dans la boue, dévorons-la donc et laisse-moi ensuite aller te chercher une femme digne de ta grandeur !
- Je ne dévorerai pas ma femme car je l’aime, et j’ordonne que tes propos s’arrêtent là !
L’hyène s’en alla toute honteuse.
La nuit suivante, l’hyène revint cette fois en courant bien vite, à grandes enjambées.
- Ah ! Ah ! Majesté
- As-tu appris ce que j’ai appris ?
- Quoi donc ? dit le lion.
- Il paraît que lorsque l’eau de pluie touche à la peau des brebis, il y a une maladie qu’on appelle la gale qui leur enlève tous les poils jusqu’aux oreilles et aux pattes, elle leur tanne la peau jusqu’à la chair rouge, une sorte de lèpre, quoi ! Cette lèpre s’attaque aussitôt à son conjoint et lui cause les mêmes maux. Tu te vois toi, sans crinière et sans cils, sans pelage et sans queue, la peau tannée jusqu’à la chair comme un poulet plumé, avec des mouches partout ?
- Ah bon