18/07/2022
Voilà le bilan de l'homme de paix
𝗛𝗜𝗦𝗧𝗢𝗥𝗜𝗤𝗨𝗘 𝗗𝗘𝗦 𝗔𝗦𝗦𝗔𝗦𝗦𝗜𝗡𝗔𝗧𝗦 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗛𝗔𝗨𝗧𝗘-𝗩𝗢𝗟𝗧𝗔 𝗔𝗨 𝗕𝗨𝗥𝗞𝗜𝗡𝗔 𝗙𝗔𝗦𝗢 𝗗𝗘 𝟏𝟗𝟔𝟕 - 𝟐𝟎𝟏𝟒
𝐋𝐄𝐒 𝐏𝐑𝐄𝐌𝐈𝐄𝐑𝐄 𝐄𝐗𝐄𝐂𝐔𝐓𝐈𝐎𝐍
La première exécution remonte aux années 1969. Il s’agit du garde républicain Michel Yaméogo qui avait assassiné son collègue Emile Ilboudo le vendredi 28 juillet 1967 afin de s’emparer des clefs pour voler de l’argent. C’est ainsi qu’il fut condamné et exécuté à Ouagadougou.
La seconde exécution a concerné un groupe de coupeurs de tête composé de Millogo Sogo Jean, El Hadj Djane Batiékoro dit Béma et Coulibaly Lotamou. Condamnés le 12 septembre 1978, ils furent exécutés le 15 Janvier 1979.
Notons que ces exécutions étaient conformes aux lois de la République, car la peine capitale n’était pas abolie au Burkina Faso.
𝐋'𝐄𝐑𝐄 𝐂𝐌𝐑𝐏𝐍 𝐃𝐔 𝐂𝐎𝐋𝐎𝐍𝐄𝐋 𝐒𝐀𝐘𝐄 𝐙𝐄𝐑𝐁𝐎
La première exécution extrajudiciaire sera inaugurée par Nézien Badembié, le n°2 du CMRPN en décembre 1982 qui reçut une raffale en pleine poitrine. C’est le début de la tradition des assassinats au Burkina Faso. On tue désormais à la moindre occasion, les règlements de compte se font par des armes. Les révolutionnaires vont mieux s’illustrer dans cette pratique.
𝐋'𝐄𝐑𝐄 𝐑𝐄𝐕𝐎𝐋𝐔𝐓𝐈𝐎𝐍𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄 𝐃𝐔 𝐂𝐀𝐏𝐈𝐓𝐀𝐈𝐍𝐄 𝐓𝐇𝐎𝐌𝐀𝐒 𝐒𝐀𝐍𝐊𝐀𝐑𝐀
Dès la prise du pouvoir le 04 Août 1983 qui avait fait cinq morts par l’aile gauche, les ténors de l’aile droite, à savoir le colonel Yorian Gabriel Somé et le commandant Fidèle Guébré sont passés par les armes dans la même semaine après qu’ils aient été invités respectivement de Ouahigouya et de Dédougou pour une discussion entre officiers.
Le 11 juin 1984 le colonel Didier Kiendrébégo maire de Ouagadougou et six de ses camarades à savoir les lieutenants Moumouni Ouédraogo et Maurice Ouédraogo, l’homme d’affaires Adama Ouédraogo, l’ex-major de gendarmerie Barnabé Kaboré, le sergent du RCS Moussa Kaboré et le pilote d’Air-Burkina, Issa Anatole Tiendrébéogo, accusés de complot ont été froidement abattus sous un baobab et enterrés à la hâte au cimetière de Tanghin. Le 18 juillet de la même année c’est le commandant Amadou Sawadogo qui est tiré comme un lapin vers 21heures au niveau du barrage n°3 sur la route de Ziniaré.
𝐋'𝐄𝐑𝐄 𝐑𝐄𝐂𝐓𝐈𝐅𝐈𝐂𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐁𝐋𝐀𝐈𝐒𝐄 𝐂𝐎𝐌𝐏𝐀𝐎𝐑𝐄
Le 15 Octobre 1987, la crise au sein du CNR se solde par l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze apôtres (Le professeur d’université Sibiri Aain Zagré, le journaliste Paulin Bamouni, les employés à la présidence Fréderic Liemdé et Bonaventure Compaoré, les sergents chefs Emmanuel Bationo et Amadé Sawadogo Adjudant Christophe Saba, Sergent-chef Emmanuel Bationo, le caporal Yeyé, le soldat de 1ère classe Noufou Sawadogo le soldat de 1ère classe Der Somda, le soldat de 1ère classe Wallilaye Sawadogo) accusés de “ déviationnistes“ par les “ rectificateurs“.
La chasse aux sorciers qui s’en suit emporte Seydou Bancé, Sigué Vincent Askia, Michel Koama, Elysée Sanogo et les mutins de Koudougou dont certains ont été grillés comme des poulets. Ce sont entre autres le Lieutenant Daniel Kéré, le lieutenant Bertoa Ky, le lieutenant Elysé Sanogo, le lieutenant Jonas Pascal Sanou, tous tués et brulés le 27 Octobre1987.Leur crime ? Pour s’être s’opposés au coup d’Etat de Blaise. Le plus célèbre de ces mutins, Boukary Kaboré dit le Lion a eu la vie sauve en se refugiant au Ghana.
En 1988, le capitaine Guy Sayogo et son épouse ont reçu une gr***de dans leur chambre au camp Ouezzin Coulibaly à Bobo. Très vite les coupables au nombre de sept sont désignés et expédiés au l’au-delà dans la nuit du 31 décembre 1988.
Toujours en 1988, le commerçant Seydou Bandé est froidement abattu après avoir creusé sa propre tombe. C’est le comble du cynisme.
Au petit matin du 18 septembre 1989, c’était le tour des deux des chefs historiques de la révolution à savoir Boukary Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo de quitter ce monde pour raison de complot. On les a fait accompagner par Sabyamba Koundaba et Anessé Gnégné pour les mêmes raisons.
Blaise Compaoré est dorénavant le seul rescapé des chefs historiques de la révolution. La révolution a mangé ses propre fils, dira-t-on. On s’attendait à un apaisement, mais le régime Compaoré n’avait pas encore fini de balayer autour de lui. De valeureux burkinabé de toutes couches sociales vont subir le coup de balai du régime Compaoré. On peut citer des journalistes comme Lamien Watamou (19 juin 1999) des professeurs d’université comme Guillaume Sessouma (1990), Oumarou Clément Ouédraogo considéré comme le n°2 du Front Populaire (9 décembre 1991), des étudiants comme Boukary Dabo (mai 1990) Michel Congo (21 octobre 2001), des policiers comme Madi Pascal Tapsoba, DG de la police nationale (1994), des paysans comme Douin Yedan (18 juillet 1993), Akou Agondwo, Adi Bagniou,Kossi Gounabou, Akandoba Kibora,Igoissan Kibora, tous à Kaya (1995), des élèves comme Blaise Sidiani, Emile Zigani dans la cour de leur école à Garango (9 mai 1995), des chauffeurs comme David Ouédraogo, chauffeur de Français Compaoré (décembre 1997).
Le 13 décembre 1998, c’est le coup de tonnerre, l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et de ses trois compagnons Ernest Zongo, Ablassé Nikiema et Blaise Ilboudou. C’est l’indignation et la révolte à travers le pays. Ces révoltes ont secoué et fragilisé le régime Compaoré. Blaise Compaoré fait semblant de regretter les tueries, il demande pardon au peuple et promet le changement. Simple leurre.
Les tueries vont se poursuivre. Le chat revenu de la Mecque ne peut s’abstenir de dévorer les souris. La liste se prolonge. On peut retenir en août 200, la mort d’un soldat du régime de sécurité présidentielle Mahamadi Ouédraogo et l’adjudant-chef de gendarmerie Abdoulaye Demdé en juin 2000, tous concernés par l’affaire David Ouédraogo. Le 6 décembre 2000, c’est le petit écolier Flavien Nebié qui tombait sous les balles meurtrières. Nul n’est épargné sous l’ancien régime. Même les hommes d’église comme le père Célestino Di Giovambattist tombé suite à des coups de hache le 13 octobre 2001.
Le 22 février 2011 la mort suspecte de l’élève Justin Zongo plonge à nouveau le pays dans des troubles. Comme d’habitude, le régime développe des stratégies qui lui permettent de juguler la crise et maintenir son pouvoir entaché de sang de nombreux innocents.
Les 30 et 31 octobre 2014, c’est encore vingt quatre martyrs qui ont sacrifié leur vie pour que les Burkinabé se libèrent des griffes du régime Compaoré. Jésus Christ a perdu son sang sur la croix pour sauver l’humanité. Nos martyrs sont morts pour plus de justice, plus de liberté, plus d’équité au Burkina Faso. Cette liste est loin d’être exhaustive. Dans le célèbre ouvrage de Ouattara Vincent, "L’ère Compaoré, crimes politiques et gestion du pouvoir", on dénombre une centaine de morts.
Blaise Compaoré croyait pouvoir piétiner à jamais le peuple burkinabé. C’est un homme qui n’aime pas les défaites, ni reculer. En octobre 1987, il triomphe en s’emparant du pouvoir. En 1991, il triomphe contre les tenants de la conférence souveraine. En décembre 1991, seul en lice, il est élu sans gloire, mais peu importait pour lui. En 1998 après la mort de Norbert Zongo, il s’entête et garde son pouvoir. En 2011 après la mort de Justin Zongo, il parvient à se maintenir toujours grâce à ses manœuvres politiques. C’est cette erreur mathématique qui a poussé Blaise à croire qu’il est invincible, qu’il pouvait encore une fois de plus forcer le passage. Mais comme on le dit, tous les jours pour le dictateur, un jour pour le peuple. Le peuple a enfin tranché. Que nos morts reposent en paix sous la terre libre et digne du Burkina Faso.
Nous espérons que les états généraux de la justice lui donneront la force nécessaire pour élucider tous ces crimes de sang auxquels il faut ajouter les crimes économiques.
Sources :
Ouattara Vincent, "L’ère Compaoré, crimes politiques et gestion du pouvoir", Klanba Editions, Paris XIVème, 2006
L’Observateur Dimanche n°0029 du 07 au 13 juin 1996
Le Nouvel Ouragan n°227 du vendredi 19 mars 1999.
L’Indépendant n°370, 10 octobre 2000
✍🏽 KIEBRE Mahamoudou,
Professeur certifié d’histoire géographie
Rédigé en 2014
(NB. Les sous titres sont de moi Steeve)
𝑴𝒐𝒏 𝑭𝒂𝒔𝒐 𝒐𝒖 𝒎𝒐𝒏 𝑭𝒂𝒔𝒐
Seydou Steeve Zampaligre
Seydou Steeve DeCharme Zampaligré