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Titre : J'AI MAL À MES ANCÊTRES La psychogénéalogie aujourd'hui Ces secrets de famille qui nous empoisonnent aujourd'hui...
17/12/2024

Titre : J'AI MAL À MES ANCÊTRES
La psychogénéalogie aujourd'hui
Ces secrets de famille qui nous empoisonnent aujourd'hui

Auteurs : PATRICE VAN EERSEL & CATHERINE MAILLARD
Éditions Albin Michel, 2002

L’irrésistible essor de la psychogénéalogie
« L’idée que nos destinées puissent être concrètement déterminées par l’histoire psychologique des générations
antérieures est extrêmement ancienne. Les toutes premières thérapies inventées par l’homme en attestent. Les
médecines chinoise ou africaine, par exemple, à la différence de la médecine occidentale, envisagent la maladie dans
son contexte familial et généalogique. Pourquoi ai-je une hépatite ? À cause d’un microbe et d’une nourriture
avariée, répond le médecin occidental. Les guérisseurs chinois ou yoruba fournissent, eux, des explications qui
rétablissent l’ordre du monde, soit qu’un démon nous veuille du mal (et qu’il faille lui offrir un animal en sacrifice),
soit que nous ayons troublé l’ordre cosmique, notamment en occupant une place qui n’est pas la nôtre et en oubliant
d’honorer nos ancêtres. Le guérisseur sait une chose que le médecin ignore : la loi généalogique et le rapport aux
ancêtres définissent pour une large part les liens, les droits, les devoirs et les identités qui structurent l’être humain –
dans sa culture et dans sa biographie. Le guérisseur sait aussi les mots et les rituels qui permettront de conjurer
l’apparition, le fantôme (ancêtre disgracié ou qui a déshonoré sa famille), synonyme de désordre inconscient
transmissible de génération en génération. Mais voilà que survient une nouveauté en Occident : le psychogénéalogiste. Un thérapeute qui, sans rien perdre
des découvertes de la modernité, notamment quant à la singularité de l’individu, retrouve les liens contextuels et
transgénérationnels auxquels sa culture était devenue sourde. Que fait-il ? Il focalise lui aussi sur cette portion de
notre histoire qui ne nous appartient pas : « Si tu as cette bronchite chronique, c’est peut-être parce que ton arrière-
grand-père a été asphyxié dans une tranchée et qu’on te l’a caché, parce qu’à son retour de la guerre, ta grand-mère
n’a plus voulu de lui… » Exemple plus spectaculaire : un homme éprouve des maux de gorge constants, provoquant
une détérioration de la circulation sanguine dans ses extrémités. Nul remède ne parvient à le soigner. Jusqu’au jour
où il découvre, en thérapie transgénéalogique, qu’un ancêtre lointain, né le même jour que lui, est mort guillotiné
pendant la Révolution. À partir de cette découverte, les maux de gorge et leurs fâcheux effets circulatoires
disparaissent comme par enchantement. Comment un fait du passé, heureux ou malheureux, peut-il, par ignorance
ou sous le poids d’un « secret de famille », avoir de telles conséquences quelques générations plus t**d ?
Certaines personnes cherchent à échapper à leur famille par la fuite pure et simple, parce que celle-ci leur
semble représenter un danger mortel. Comme si l’histoire de leur lignée menaçait de les tuer. Le danger n’est pas
forcément fantasmatique. Mais la fuite ne sert à rien. Où que puisse vous mener votre évasion, votre histoire
familiale vous suivra, et vous ramènera constamment vers votre passé, vous conduisant à répéter éternellement les
mêmes scénarios, du moins tant que vous n’aurez pas décidé d’agir, pour désamorcer vos ancrages
transgénéalogiques négatifs.
Reconstituer son arbre peut commencer simplement. Comme l’explique le site psychogéné com : « D’une façon
générale, pour travailler sur son histoire familiale, il n’est pas nécessaire d’avoir fait des recherches généalogiques.
Chacun vient avec ce qu’il a. Le peu d’informations recueillies suffit pour situer ce qui est présent et pour débuter ce
travail. Dans la plupart des cas, d’autres renseignements arriveront, parfois d’une façon surprenante, inopinée. Ce
qui est important, c’est de comprendre qu’à partir du moment où l’on entreprend une démarche en
psychogénéalogie, on active une mémoire qui traverse le temps, les époques, les événements et peut surgir dans un
souvenir jusqu’à ce que la conscience lui donne un sens. »
D’une certaine façon, le psychogénéalogiste emprunte moins aux connaissances de la psychopathologie
occidentale qu’à l’efficacité « sorcière » des plus anciennes médecines…
Sa correspondance nous dit que Sigmund Freud n’ignorait rien de l’importance des ancêtres dans la constitution
des psychosomatismes individuels et collectifs : chacun de nous n’est pas seulement déterminé par le triangle papa-
maman-bébé, mais par toute une cascade d’influences venues de notre arbre généalogique entier. Le découvreur de
l’inconscient avait eu l’intuition d’une transmission généalogique de la névrose. Il savait l’importance que jouent,
par exemple, les grands-parents dans la vie d’un enfant (directement ou indirectement, en bien ou en mal, par excès
ou par défaut). Il avait même imaginé une histoire selon laquelle, à l’origine de l’humanité, il y aurait eu une horde
avec un père primitif effrayant, dont les enfants se seraient ligués pour le tuer. Et nous garderions tous en nous le
souvenir de ce parricide premier. Freud suggérait par cette parabole que, d’une génération à l’autre, le lien ne
pouvait être gommé. Mais Freud ne poussa pas plus loin l’exploration du phénomène transgénérationnel. Son long et dur combat pour
défendre l’origine sexuelle des névroses lui aurait-il fait négliger cette dimension fondamentale du mécanisme
humain qu’est la fidélité inconsciente du sujet au vécu de ses ancêtres ? C’est ce que suggèrent aujourd’hui certains
psychanalystes pour qui, Freud ne pouvant pas « tout faire », c’est très consciemment qu’il aurait décidé de se
consacrer exclusivement au triangle œdipien, laissant de côté le reste de l’ascendance, en se disant que d’autres,
après lui, mèneraient les recherches indispensables du côté des ancêtres. En réalité, il semblerait bien que la propre
généalogie de Sigmund Freud et quelques pesants secrets de famille l’aient inconsciemment détourné de toute vraie
recherche transgénéalogique. La suite est tristement banale : on le sait, les disciples figent toujours la pensée des
maîtres ; après Freud, le complexe œdipien est devenu un dogme jaloux, et les ancêtres négligés ont été frappés
d’ostracisme.
Il a fallu attendre près de cent ans pour que leur importance cruciale soit reconnue par les « psy ». Au début du
XXIe
siècle, cette reconnaissance prend l’allure d’un véritable mouvement : sur le thème « où que vous soyez, vous
trimballez toujours votre famille d’origine avec vous, bénissez-la mais libérez-vous ! », la psychogénéalogie – ou,
plus généralement, l’approche transgénéalogique – émerge un peu partout, dans de très nombreuses pratiques et
écoles. Aujourd’hui, ce chantier-là résonne tout autour de nous. Est-ce seulement parce que, comme le dit Steve
Lacy, créateur du site Genealogy Gateway To The Web, « dans une société qui perd ses valeurs traditionnelles et se
trouve bouleversée par la désintégration de la cellule familiale, les gens cherchent à renouer avec leurs racines » ? Le
phénomène est sans doute plus profond et touche véritablement un « retour des ancêtres » dans la civilisation
occidentale. Retour à une dimension incontestablement thérapeutique. Des centaines de « psy » reconnaissent
désormais l’importance de la filiation, et surtout des ratés de celle-ci, non-dits, secrets de famille et autres grumeaux
que les générations se refilent les unes aux autres, dans des jeux de rebondissement si étonnants – à l’humour si
noir ! – qu’il faut être un artiste de la relation pour savoir les débusquer.
C’est à une présentation de sept de ces « artistes transgénéalogiques » qu’est consacré le présent ouvrage sous la
forme de sept entretiens avec des acteurs majeurs de ce mouvement :
– Le Dr Anne Ancelin Schützenberger, médecin hors pair, résistante anti-nazis, auteur entre autres de Aïe mes
aïeux ! où elle raconte comment elle s’est retrouvée sur la piste psychogénéalogique en butant sur d’« étranges
maladies à répétitions », a introduit le concept transgénérationnel dans le grand public ;
– Alexandro Jodorowsky, homme de théâtre, scénariste, spécialiste du Tarot et inventeur d’une forme originale
de psychothérapie chamanique appelée « psychomagie », s’avère avoir été l’un des tout premiers à redécouvrir
l’importance de l’arbre généalogique dans la constitution de la psyché ;
– Bert Hellinger, psychothérapeute allemand qui vécut en Afrique du Sud, reconnaît avoir été influencé par la
culture zouloue dans l’invention des Constellations Familiales, méthode qui connaît actuellement un immense
succès (appliquée par exemple par la psychothérapeute Christiane Singer) ;
– Didier Dumas, psychanalyste œuvrant dans la filiation de Françoise Dolto, qu’il ouvre à des dimensions non
occidentales (taoïsme, chamanisme), fait une démonstration particulièrement brillante du « retour des ancêtres »
dans la pensée et dans la thérapie contemporaines ;
– Chantal Rialland, ancienne élève d’Alexandro Jodorowsky, affirme que chacun peut influencer son destin en
« choisissant sa famille » et enseigne concrètement à ses patients et stagiaires comment bâtir leur arbre
transgénérationnel ;
– Serge Tisseron, psychothérapeute spécialiste du « secret de famille » – particulièrement connu pour son étude
du « roman familial » du personnage de Tintin –, focalise son attention sur les non-dits qui, de génération en
génération, deviennent pathologiques ;
– Enfin Vincent de Gaulejac, psychosociologue spécialiste de la « névrose de classe », démontre de quelle façon
les arbres généalogiques se regroupent par grandes familles sociales. »

18/11/2024

" Le refus est peut-être la somme des conventions et des obéissances à laquelle nous répondons depuis le berceau ou presque. Aujourd’hui, on vante beaucoup les exploits du corps physique, les aventures de marins ou d’alpinistes. Mais, la plus grande aventure est peut-être de s’oublier soi-même, de négliger cette somme d’interdits qui est en nous et d’aller vers l’autre. Je crois que c’est ça, la plus grande aventure. Le plus bel exploit humain, c’est de susciter la naissance d’un vrai sourire sur les lèvres de quelqu’un qui vous fait face, ce sourire c’est le portail qui s’ouvre."

10/11/2024

" Qu’est-ce que la littérature ? C’est la mise en marche de l’esprit humain. Qu’est-ce que la civilisation ? C’est la perpétuelle découverte que fait à chaque pas l’esprit humain en marche ; de là le mot Progrès. On peut dire que littérature et civilisation sont identiques.

Les peuples se mesurent à leur littérature. Une armée de deux millions d’hommes passe, une Iliade reste ; Xercès a l’armée, l’épopée lui manque, Xercès s’évanouit. La Grèce est petite par le territoire et grande par Eschyle.

(Mouvement) Rome n’est qu’une ville ; mais par Tacite, Lucrèce, Virgile, Horace et Juvénal, cette ville emplit le monde. Si vous évoquez l’Espagne, Cervantes surgit ; si vous parlez de l’Italie, Dante se dresse ; si vous nommez l’Angleterre, Shakespeare apparaît. À de certains moments, la France se résume dans un génie, et le resplendissement de Paris se confond avec la clarté de Voltaire.

Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit.(...)

Ah ! la lumière ! la lumière toujours ! la lumière partout ! Le besoin de tout c’est la lumière. La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout ; enseignez, montrez, démontrez ; multipliez les écoles ; les écoles sont les points lumineux de la civilisation.

Vous avez soin de vos villes, vous voulez être en sûreté dans vos demeures, vous êtes préoccupés de ce péril, laisser la rue obscure ; songez à ce péril plus grand encore, laisser obscur l’esprit humain. Les intelligences sont des routes ouvertes ; elles ont des allants et venants, elles ont des visiteurs, bien ou mal intentionnés, elles peuvent avoir des passants funestes ; une mauvaise pensée est identique à un voleur de nuit, l’âme a des malfaiteurs ; faites le jour partout ; ne laissez pas dans l’intelligence humaine de ces coins ténébreux où peut se blottir la superstition, où peut se cacher l’erreur, où peut s’embusquer le mensonge. L’ignorance est un crépuscule ; le mal y rôde. Songez à l’éclairage des rues, soit ; mais songez aussi, songez surtout, à l’éclairage des esprits."

- Victor Hugo, "Discours d’ouverture du Congrès littéraire international" 7 juin 1878.

31/10/2024

« Être philosophe ce n’est pas seulement avoir été un disciple, enseigner la philosophie ou publier des textes adoptant les formes consacrées du traité, de la somme ou de l’essai. On peut par ailleurs remplir ces conditions sans être philosophe pour autant, si tant est qu’on définisse la philosophie comme la recherche de la sagesse et de la vérité, dans l’audace et le refus des préjugés ».

Moi aussi je pense donc je suis, Elodie Pinel page 135

31/10/2024

L’invention des armes, et surtout des armes de destruction massive, révèle quelque chose de profondément troublant chez l’être humain, une capacité à transformer son ingéniosité en une force destructrice, une aptitude à projeter son pouvoir de création dans l’art de la destruction. C’est une ombre qui plane sur notre histoire collective, une ombre qui raconte le paradoxe de notre espèce : capable du sublime, capable du pire.

Il y a quelque chose de vertigineux à penser que, là où l’humain pourrait dédier son esprit à bâtir, à protéger, à s’élever, il a aussi choisi de se consacrer à la fabrication d’instruments de mort. Les armes, dans leur conception même, sont un reflet de cette part d’obscurité, de cette fascination morbide pour le contrôle, pour la domination, pour la peur qu’elles inspirent. C’est la capacité de mettre la puissance de l’intelligence au service de la destruction, de canaliser la créativité humaine vers des inventions qui ont pour seul but de briser, de mutiler, de réduire à néant.

Les armes de destruction massive, qu’elles soient nucléaires, chimiques ou biologiques, sont le summum de cette tendance, l’incarnation de cette horreur qui sommeille en nous. Elles ne se contentent pas de tuer ; elles anéantissent, elles effacent, elles transforment la vie en silence, en désert. Leur existence même est une menace permanente, une épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’humanité, comme un rappel tragique de notre potentiel à nous auto-détruire.

L’invention de ces armes dit quelque chose de notre peur, de notre désir de contrôle absolu, mais elle dit aussi quelque chose de plus effrayant encore : la facilité avec laquelle l’humain peut se déshumaniser, se détacher de la valeur de la vie, de la beauté de la création. Ces armes incarnent une rupture avec la nature, avec ce lien subtil qui nous relie à la terre, à la vie dans toutes ses formes. Elles sont le symbole d’une coupure, d’une folie collective où l’obsession de la puissance a pris le dessus sur la conscience de la fragilité du vivant.

Il y a quelque chose de terriblement tragique dans cette course à l’armement, dans cette quête insatiable de moyens toujours plus puissants, toujours plus dévastateurs. Car derrière la technologie, derrière les discours de dissuasion et les stratégies de pouvoir, il y a des vies, des visages, des histoires qui disparaissent dans le feu et la cendre. Derrière chaque missile, chaque bombe, il y a la disparition de l’autre, cet autre que l’on finit par ne plus voir, par réduire à un chiffre, à une cible.

Et pourtant, cette horreur cohabite avec notre capacité à aimer, à créer, à espérer. Comment concilier ces deux réalités ? Comment comprendre qu’en nous se côtoient à la fois la beauté et la monstruosité ? C’est peut-être là l’un des plus grands mystères de l’être humain, cette dualité qui le rend capable du plus grand altruisme et de la plus froide cruauté. L’invention des armes de destruction massive est une sorte de miroir déformant, un reflet qui nous force à regarder en face cette part de nous que l’on préfèrerait ignorer.

Ce reflet nous interroge sur la responsabilité que nous portons, sur la manière dont nous utilisons le pouvoir qui nous est donné. Ces armes ne sont pas seulement le produit de quelques esprits isolés ; elles sont le fruit de sociétés entières, de peurs entretenues, de haines nourries, de rivalités ancestrales. Elles sont le résultat de nos choix collectifs, de notre incapacité à écouter nos peurs autrement que par la violence, de notre difficulté à imaginer un monde où la sécurité ne se construit pas par la menace.

En regardant l’histoire de ces armes, on est forcé de se poser des questions inconfortables sur ce que nous sommes devenus, sur ce que nous choisissons de privilégier, sur les chemins que nous empruntons. Et face à cette réalité, il y a la question essentielle : serons-nous capables, un jour, de détourner cette intelligence qui nous a permis de créer ces outils de mort, pour la mettre au service de la vie, de la paix, de la protection du vivant ?

Car au fond, l’invention des armes de destruction massive est aussi le rappel de notre pouvoir immense, de cette capacité à façonner le monde, pour le meilleur comme pour le pire. Elle nous confronte à une responsabilité vertigineuse, celle de choisir quelle part de nous, de notre humanité, nous voulons nourrir.

Ce choix nous appartient. Nous avons entre les mains le potentiel de la destruction et celui de la réconciliation. Reste à savoir lequel nous déciderons d’écouter, lequel nous déciderons de cultiver, pour ne pas laisser notre héritage se réduire aux traces de feu et de ruines que nous aurons laissées derrière nous.

Armanda Dos Santos

La veille de son premier voyage pour poursuivre ses études en ville, une mère fait ses dernières recommandations à son f...
15/10/2024

La veille de son premier voyage pour poursuivre ses études en ville, une mère fait ses dernières recommandations à son fils. (Extrait du roman Le rescapé de la dépendance)

“ Lorsque je revenais de la do**he, je vis ma mère somnolente. Je lui fis savoir que j'étais revenu. Elle me demanda de m'asseoir auprès d'elle, sur une natte. Ce que je fis. Elle prit la parole en ces termes :
-« Ton oncle, mon frère Gnolé, qui va t'accompagner demain, m'avait une fois dit qu'il avait lu dans un livre d'un monsieur appelé Amadou Hâmpaté Bâ, ceci : « Si un jeune homme s'expatrie et qu'à l'étranger il ne trouve pas un père et une mère, c'est qu'il n'aura pas su être le fils qu'il faut. » Je te le dis pour que tu saches que c'est ton comportement qui déterminera ton avenir. La dame chez qui tu vas, même si elle est ta tante, vous n'avez jamais cohabité. Fais fi de beaucoup de choses si tu veux aller loin dans la vie. Saches qu'il est dit chez nous que si tu veux regarder dans l'oreille du cabri, tu ne mangeras jamais sa tête. Tu vas à la ville pour un objectif : celui de réussir tes études pour devenir un grand homme, un homme socialement accompli comme Dalato, le maire et mon grand frère Gavah, l'ingénieur. Tu connais mon problème : dès mon jeune âge, j'avais touché à un gris-gris dont le sort ne m'était pas destiné, mais qui m'a quand même, à la longue, donné une maladie de cœur qui ne cesse de ressurgir toutes les fois que je suis en contact avec le feu pendant un long moment. Les nombreuses charges de ton oncle Gavah ne lui donnent aucune occasion de se pencher sur mon cas pour m'administrer des soins adéquats. A partir d'aujourd'hui, je voulais que tu saches que tu resteras mon unique espoir. Va et reviens-moi avec le plus grand diplôme de nos universités, c'est lui seul, mon fils, qui t'ouvrira les portes auxquelles tu auras à frapper dans cette république des waliwahikô. L'expérience et l'observation m'ont fait découvrir que l'on ne gagne jamais en négligeant ce que l'on fait. Fais toujours entièrement, bien, et au moment où il faut, ce que tu dois. Refuse la procrastination. Accomplis tes tâches du jour en même temps sans jamais les remettre au lendemain, et ce, dans un souci d'efficacité. Ne confie jamais ton destin à ton ami. Aie toujours de la retenue. Lui dire la totalité de tes actes, pourrait mettre au grand jour son caractère démoniaque, s'il ne se découvre pas tes qualités. Lorsque tu donnes des informations sur toi à l'autre, il se sait, il te sait, mais toi, tu ne le sais pas. Et cela constituera ton point faible vis-à-vis de lui, car celui qui détient ton secret te tient ; il te manipulera à sa guise, et tu perdras toute personnalité en sa présence, de peur qu'il ne dévoile ton message que tu lui as délibérément confié. Sache que si le poisson ne dit pas qu'il a aussi chaud bien qu'étant dans l'eau, personne ne le saura. C'est ce que tu auras dévoilé qui sera su. Retiens que le péché se trouve aussi bien dans la pensée que dans les paroles. Use d'assez de prudence dans tes actes. Sache choisir tes amis. « Si la viande fraîche est tabou pour toi, ne te lie pas d'amitié avec la panthère », disaient nos aïeux. Attache-toi aux personnes qui peuvent t'aider à t'élever sur tous les plans. Fais toi des amis dans tous les secteurs d'activité de sorte que tu sois une personne de référence dans quelque assemblée que tu fréquenteras. N'oublie jamais que « le bœuf s'attache à du bois dur ». Suis les bons exemples et fais fi de ceux qui sont à proscrire. Sache amadouer les gens par des présents. Un homme, quel que soit son statut social, succombe toujours aux cadeaux. Fais-en ton cheval de bataille. Dans tes rapports avec ceux qui ont de l'argent, aie toujours ta part à apporter lorsqu'il s'agira de contribuer à une cause commune. Certains d'entre eux regardent comme des profiteurs ceux qui n'ont pas de grands moyens ; il faut donc prendre des initiatives lorsque tu es en leur compagnie sans jamais mettre ton intérêt en amont. Sinon, ils te retireront de leur carnet d'adresses sans te le signifier ; tu le sauras de par leur indifférence soudaine à ton égard. Ils n'auront recours à toi que pour te demander un service qu'ils te crois seul capable à pouvoir le leur rendre. Dans quelque groupe où tu te trouveras, n'opprime jamais les autres par ta position que tu y occuperas. Fais toujours comprendre tes idées à l'autre avec respect et considération. Cherche à convaincre par la force de tes arguments et non à t'imposer par la force des muscles ou par ton pouvoir. Ne permets jamais que ton image soit ternie pour quelque motif que ce soit. « On ne désigne jamais son village de la main gauche ». Celui qui le fait, perd toujours. Méfie-toi des femmes. Il y en aura qui te soutiendront dans ton combat pour la réussite sociale ; il y en aura qui te regarderont inactives, t'échiner à grandir et il y en aura qui se disposeront à venir profiter de ce tu as construit seul. Oui, épouse celle qui ne portera pas en bandoulière l'autonomie que donne l'école occidentale aux femmes, pour gouverner ton foyer. La bonne femme, c'est celle qui sait s'effacer au profit de son homme. Prends celle qui te respectera, qui aura la crainte de Dieu et que tu aimeras de tout ton cœur. Elle sera celle pour qui tu me quitteras, un jour, pour que vous deux vous puissiez former une seule chair. N'envie jamais la friandise de ton prochain. Tel l'arbre qu'on abat et qui tombe du côté sur lequel il se penche, l'homme se laisse toujours emporter par ses vices. Sache doser tes passions d'un peu de raison. Quel que soit le travail que tu feras, mon fils, sache que c'est de l'eau boueuse que tu auras trouvée. Cette eau dessèchera au contact des problèmes que tu rencontreras. Pour avoir l'eau pure, intarissable, source de vie à laquelle tu t'abreuveras et s'abreuveront les enfants de tes enfants, tu seras amené à percer le rocher qui fait barrière à la nappe souterraine. Et cet effort que tu fourniras n'est rien d'autre que l'investissement. Oui, la vraie acquisition de la fortune passe par l'investissement. Le salaire mensuel ne rend pas riche, mais on peut devenir riche à partir de lui. Ton oncle, Gnolé me disait aussi qu'un penseur appelé Robert Kiyosaki, affirmait : « le salaire mensuel est une solution à court terme pour un problème à long terme. » Cet homme n'avait pas tort. Dans la gestion de ton futur salaire, je te conseille de toujours t'adosser à un budget familial et de mettre essentiellement l'accent sur ce qui est important et non sur ce qui est urgent. Évertue-toi à lutter contre cette gangrène qu'est la pauvreté. Ne la souhaite jamais à quelqu'un, même à ton pire ennemi. Elle est source de conflit, de mésentente, de discrimination, de rébellion, de terrorisme, de guerre, de mort... dans le monde. Les véritables armes contre elle sont la force psychologique et l'esprit d'initiative. Un autre auteur que citait ton oncle, nommé James Baldwin, disait à propos : « Quiconque a lutté contre la pauvreté sait comment il est extrêmement coûteux d'être pauvre. » Mon garçon, sois soumis à ta hiérarchie dans quelque service où tu te trouveras. Sois humaniste envers ton prochain. Témoigne ta loyauté à ta patrie. Recherche toujours, dans tes actes, à remporter la palme de l'excellence ; le mérite ne se vend pas, il s'acquiert par l'abnégation et le dévouement à la tâche à rendre. Préfère toujours celui qui t'apprends à pêcher à celui qui te donne du poisson tout cuit. Fais ta propre expérience ; ne vis pas dans l'illusion de celle de l'autre, mais tu peux juste t'en inspirer. Évite d'être la risée des autres : sois propre, prends soin de ta famille, accorde à tes enfants toute l'affection qu'ils méritent. Donne toi les moyens de les scolariser . L'école est un investissement sérieux dont les fruits sont savoureux pendant les vieux jours. Beaucoup de pauvres ne le savent pas, c'est pourquoi ils ne se surpassent pas pour assurer avec aisance l'avenir scolaire de leur progéniture. Nombreux d'entre eux préfèrent, pour leur propre sang, des investissements de fortune et à court terme. A contrario, les riches, surtout ceux qui côtoient les grands défis de leur temps, savent que l'école, la bonne école, celle qui soustrait l'enfant de la masse, est un sésame dans tous les domaines de la vie. Pour cela, ils ne font pas prier pour décaisser d'importantes sommes d'argent pour la formation de leurs rejetons dans de prestigieuses écoles et universités du monde. Retiens que si tu négliges l'avenir de tes enfants aujourd'hui, le temps te fera écho demain de ce que tu as manqué un impérieux devoir de père. Cherche à former des projets de vie et non de circonstance. Fixe-toi un objectif clair qui te permettra de forger un caractère d'homme. Pratique du sport et contrôle ton alimentation pour avoir une longue vie, pour ne pas être victime de ces maladies de derniers jours qui condamnent à résidence. Ta vie est entre les mains de Dieu, mais c'est toi qui la gère au quotidien par les actes que tu poses. Dans toute médiation, n'aie jamais de partie pris, mais cherche à être toujours du côté de la vérité. C'est ce qui te fera grandir, le contraire te rabaissera. Couronne tous tes actes par la crainte véritable de Dieu. Mets-le au premier plan sur tous tes agissements. Ne te fie pas à la magie déviationniste des devins. Devant chaque situation, entre en toi-même, en conformité avec le créateur suprême. Aucune religion n'est au-dessus de Dieu. Refuse de végéter entre les croyances, les doctrines, les idéologies des Hommes. Adopte-une, selon tes critères, mais sans oublier d'où tu viens. Sinon tu paraîtras un vase vide que l'on balance et contrebalance au gré des circonstances. Adore le créateur ; honnore-moi ta mère, ainsi que la mémoire de ton père ; respecte ton semblable ; accorde du prix à notre tradition et à nos us et coutumes. Le grand mal qui ronge les humains, c'est de ne pas savoir dire « non ». Mon gosse, apprends à ne pas t'associer à ce qui te contraindrait. En effet, « manger la canne à sucre avec la honte, c'est prendre le risque de salir ses habits de fête ». Sache aussi, mon fils, qu'il y a un grand bénéfice dans le don que l'on fait, surtout quand il est volontaire. La joie, le bonheur que tu crées dans le cœur de l'autre te reviennent sous forme de lumière qui éclaire ta voie. Contribue donc à ta façon à l'équilibre des choses à la cohésion sociale en pensant et en consacrant une partie de tes revenus aux orphelins, aux nécessiteux, aux veuves, aux grandes malades... Ce ne sera pas un investissement vain, la nature te le revaudra au moment venu. Ton oncle me disait une fois que selon un certain Napoléon Hill, « tout homme puissant, tire sa puissance de lui-même. » Instruits-toi aujourd'hui pour ne pas subir demain. Qu'aucun domaine n'échappe à ta connaissance. C'est à cette condition que tu défendras mieux tes opinions et que tu seras écouté, sinon tu ne vaudras pas un cafard. N'adhère jamais à l'idéologie de politiciens véreux qui ont tendance à clochardiser la jeunesse. Aie tes convictions profondes, et attache-toi à elles dans quelques circonstances qui se présenteront à toi. Use d'assez de tact dans tes rapports avec les hommes publics. Si tu n'as pas la compétence nécessaire pour leur apporter ton expertise dans un domaine précis, tu ne représenteras pas grand-chose à leurs yeux. Mon garçon, fais bon usage de ces conseils que je viens de te donner, grave-les sur la table de ton cœur, ne t'en departis jamais, ils seront le gage de ton existence heureuse sur cette terre des Hommes. Tu as toute ma bénédiction pour aller semer ces graines dans l'inconnu que tu embrasseras dès demain. Cette conversation est notre dernière et sincère entrevue ; je ne pense pas que je serai toujours présente auprès de toi pour t'orienter. Que Le-Pourvoyeur-De-Tout, qui est Celui-Qui-Donne, pourvoie à tes besoins et te donne ce que ton cœur désire. Tu réussiras, mon enfant.
« Tiens, il est deux heures du matin. Va dormir un tout petit peu ; ton oncle sera là à quatre heures trente pour que nous puissions nous rendre à la gare pour ta première aventure à la ville où tu épouseras l'idéologie d'une génération en pleine émergence. »”

, 141-147


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