Ma petite entreprise familiale est née en janvier 1929 par la volonté de mon grand-père, Liévin Vanderheyden. Il l’avait installée à Saint-Gilles, commune de Bruxelles.
En 1946, elle s’est transformée en s.p.r.l. et a été transférée à Ixelles, autre commune de Bruxelles. Elle occupait alors, en plus de mon grand-père, de ma grand-mère et de mon père, une dizaines d’ouvrières.
Liévin était également directeur de la section reliure aux Arts & Métiers de Bruxelles, alors école professionnelle de grande renommée où son fils, mon père, Henri Vanderheyden, enseignait le dessin et la dorure.
Tous deux furent également, tour à tour, membres de divers jurys dans le domaine de la reliure. Il faut savoir qu’avant la télévision et la généralisation des machines industrielles, le pays comptait beaucoup plus d’ateliers de reliure et de brochage qu’actuellement, et les candidats relieurs étaient nombreux.
Quand je suis arrivé, premier fils et fils aîné de mes parents, j’ai été très tôt plongé dans l’univers de la reliure. Les papiers, toiles, peaux de veau et de chèvre, les colles, les fils, les cartons et autres fournitures indispensables au bon fonctionnement de la petite entreprise, m’étaient devenus très vite familiers. Et qu’arriva-t’il quand j’eus terminé mon quatrième degré? Mon père me demanda ce que je voulais faire. En voilà une question qu’elle est bizarre!? “Travailler comme parrain et comme toi, pardi!” “Tu veux faire comme ton grand-père et moi? C’est bon! A partir de demain, tu travailleras ici et le soir tu iras aux Arts et Met!” Ce qui fut dit fut fait: me voilà envoyé, du jour au lendemain, le jour à l’atelier familial entre mon grand-père et mon père, et le soir à nouveau sur les bancs d’une école! Pendant les trois premières années, je fus mis à rude épreuve, surtout par le patron. En effet, c’est par coups de pied au c..., qu’il m’a fait entrer le métier dans le corps... et je ne comptais plus le nombre de morceaux de cuir mal collés que je recevais sur la casquette... C’était aussi à moi, petit-fils du patron, qu’incombait la tâche délicate de faire les savants mélanges de colles (colles de poissons, colles d’os, toutes à la senteur délicate...). Jusqu’au jour où, “Merci Papa!”, à mes dix-huit ans, on m’envoya “faire les clients”, autre tâche ingrate pour un petit jeune (de l’époque), mais tout aussi enrichissante.
J’ai travaillé ainsi chez mon grand-père, à côté de lui et de mon père jusqu’en 1976, date à laquelle celui-ci prit la tête de la société, à la retraite du premier. Dans cet intervalle de temps et en complément de mon travail journalier, j’ai passé douze années de ma prime jeunesse tous les soirs, obéissant au paternel, sur les bancs de l’I.A.M. A cette époque il fallait compter trois ans pour la reliure artisanale, trois ans pour la dorure artisanale, trois ans pour la reliure et la dorure industrielle et trois ans pour la typographie, la linogravure, etc. A cela il convient d’ajouter les académies de dessin le samedi soir et le dimanche matin (mon choix). Bientôt, mon père me lâcha les brides, et je décidai d’ajouter une corde à mon arc: la dorure industrielle (ou plutôt semi-industrielle, ne possédant pas les grosses machines adéquates ni la place pour les installer). Quelques années plus t**d, je me suis lancé dans la sérigraphie en petites et moyennes séries.
En 1986, c’était au tour du petit-fils de devenir “chef”. Fin 1989, je convolai en justes noces, et tous les deux nous décidâmes de transférer la société à Braine-l’Alleud. A Ixelles, les clients se plaignaient de ne plus pouvoir garer leur voiture suffisamment près de nos ateliers et nous risquions d’en perdre quelques-uns. Cependant, un seul ouvrier, en sérigraphie, nous avait suivis. Il nous avait donc fallu en engager d’autres et les former. De fil en aiguille, nous avons constaté qu’il nous fallait prendre une décision, et c’est ce qui fut fait au début de l’année 1990: mon épouse quitta la société qui l’employait depuis vingt-cinq ans, pour me seconder. Elle devint ma secrétaire et ma seconde main, tant en reliure qu’en sérigraphie.
Le 1er novembre 1996, une opportunité s’étant offerte plus tôt dans l’année, nous avons inauguré nos nouvelles installations à Redu, Village du Livre. La première année, il nous a fallu refaire une nouvelle clientèle. Entre-temps, mon épouse s’occupait de la vente de livres de seconde main dans le local principal du rez-de-chaussée. Nous avions aussi accepté de vendre de la fourniture de reliure au détail pour une firme britannique qui avait fait appel à nous du temps où nous étions à Braine-l’Alleud. A Pâques 1998, un visiteur Grand-ducal s’est présenté dans notre atelier et nous a fait l’honneur de nous passer une belle commande de reliure des registres du cadastre de son administration. Ce travail allait nous occuper pendant huit ans non-stop, tout en continuant la reliure pour nos clients habituels y compris les notaires pour lesquels nous travaillions sur place. Il nous a fallu également réengager du personnel non-qualifié, deux dames travaillant à mi-temps et que nous avons formées sur le tas.
Outre les travaux de reliure - la sérigraphie avait définitivement été abandonnée pour diverses raisons - je proposais, et propose toujours des stages de reliure et des visites guidées de mon atelier. La vente des articles de reliure avait aussi été abandonnée, faute de temps et de place principalement.
Aujourd’hui - et depuis un peu plus de deux ans - je me suis remis à la peinture, ayant un peu de temps libre, les amateurs de reliures, simples ou de luxe, se faisant de plus en plus rares. Hé oui, les temps changent! Et il faut se mettre au diapason. Je vous invite d’ailleurs à aller jeter un coup d’oeil à la page dédicacée à mon hobby favori: Roland Vanderheyden Artiste.
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ENGLISH VERSION
My family business started in January 1929 with Liévin Vanderheyden, my grandfather the founder. He was then established in Saint-Gilles, Brussels.
In 1946 it became an s.p.r.l. (person society with limited responsibility) and was transferred to Ixelles, still in Brussels. At that time, in addition to my grandfather, my grandmother and my father, ten more ladies had been hired.
Liévin was also director of the bookbinding section in the Brussels I.A.M. (Art & Trade Institution) that was then a famous professional school, where his son, my father, Henri Vanderheyden, was teaching gilding and drawing.
They both were, each in turn, members of various juries in the bookbinding sector. It has to be understood that at that time, before the arrival of television and the generalizing of the industrial machines, there were plenty of bookbinding workshops and industrial bookbinders as well as young people who wanted to become bookbinders.
When my parents’ first son and eldest son, i.e. myself, arrived he was immediately immerged in the bookbinding world. Papers, linen cloths, veal & goat leathers, threads, cardboards, and other furniture needed for the good running of the small enterprise, had no secret for me. And what happened when I was fourteen? My father asked me what I wanted to do. What a funny question! “I want to do the same as you and godfather, of course!” “All right, said my father. As from now on you’ll work in the workshop during the day, and in the evening you’ll follow the bookbinding courses in the I.A.M.!” As soon, so soon: The day after, I started working between grandfather and father till five, and afterwards I went ... back to school! During the first three years, I had to rough it at the start. The boss especially managed to make me get the ropes by pokes with the foot when I did not exactly what he wanted as he wanted. And no need to tell you how many times I received the leather pieces I had not glued properly on my head! It was me also, grand-son of the boss, who had the privilege to mix the different kinds of sweet-smelling (!) glue (fish-, bone-, ...), until “thank you daddy!” at the age of eighteen I was sent to “do the clients”. That was also a thankless task for a youngster, but I learned much from it.
I worked that way, between grandfather and father, until 1976 when the latter became the head of the company at the former’s retirement. In between, not only did I work from 8 to 5 everyday but I spent every evening, and during twelve years the I.A.M. courses. At that time, you had to spend three years to learn crafts bookbinding, another three years to learn gilding, three more years to learn industrial bookbinding, and I added three years to learn typography, lino- and all that jazz. In addition to that, I had decided to go to two different art academies on Saturday night and on Sunday morning. Shortly after, my father having decided I was “good for the service” and could go on my own, I decided to have more than one string to my bow and I started silk-printing (small and medium production).
In 1986 it was the grand-son’s turn to become the boss. End 1989 I got married, and we both decided to transfer the little company to Braine-l’Alleud, as it became evident that we would loose some customers because of the impossibility for them to park near our workshop. One worker only, in the silk-printing area, came with us. So we had to recruit new personnel and offered them a training on-the-job. However, we rapidly realized we would have to take an important decision. And that’s what was done early 1990: my wife resigned from the job in the company that had been employing her for 25 years, to work with me. She became my secretary and my right hand both in bookbinding and in silk-printing.
The 1st November, as a new opportunity had been presented to us, we started anew and opened our new workshop in the Village of Books in the Belgian Ardennes. The first year we were in Redu was rather hard as we had to build a new clientele once more. Meanwhile my wife managed to sell second-hand books in the basement of the building. We had also accepted to sell on retail when we were at Braine-l’Alleud bookbinding furniture for an English company.
Cont’ed
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