31/10/2024
NAMUR, CAPITALE EUROPEENNE DE LA CULTURE (3)
Dans les deux billets précédents, j'ai mis en évidence d'abord les FLEURONS de la culture à Namur, qui font sa réputation à l'étranger, et, ensuite, le sens des ANIMATIONS, qui vont émailler le programme de " Namur2030 ".
Mais il est un troisième vecteur à prendre en considération. J'ai consacré, dans mon livre, beaucoup de temps à explorer ce qui sous-tend la politique culturelle des autorités communautaires, provinciales et communales.
C'est d'abord le terme de "démocratie culturelle" qui est apparu, autrement dit la "culture pour tous", avec une attention privilégiée pour les citoyens peu érudits, dont on s'est aperçu qu'ils avaient un potentiel de création important, parfois même surprenant. C'est notamment le cas de personnes porteuses de handicap, d'artistes déjantés, d'immigrés, mais aussi de jeunes enfants issus de tous les milieux. Le Delta et le Centre culturel régional leur ouvrent largement leurs portes. Le Théâtre royal est devenu une maison pour tous.
Puis s'est imposé le concept de " cohésion sociale ". Dans la société divisée qu'est la nôtre, la culture est prônée comme un moyen de rassembler les gens autour des valeurs de démocratie, de respect, de tolérance... L'essor des populismes, des simplismes et des fake news rend cet objectif prioritaire.
Les clivages sociaux restent, certes, importants, mais une grande évolution s'est produite depuis 50 ans. Alors qu'autrefois, les critères idéologiques (laïques vs chrétiens, libéraux vs socialistes...) et territoriaux (urbains vs ruraux, jambois vs namurois...) étaient prépondérants, les lignes de fracture sont aujourd'hui tout autre. Elles séparent les générations (seniors vs jeunes actifs) et les origines (belges vs étrangers).
La sélection par le jury de la candidature de Molenbeek semble indiquer qu'à côté d'un impératif politique assez évident (il fallait une commune de chaque région du pays), il a tenu compte des mesures prises pour faire cohabiter en bonne entente des populations d'origines très différentes.
Je ne suis pas sûr que Namur ait pris la mesure de l'importance de cette question. Son plan "Horizon 2034" souligne certes l'importance de faire droit à la "diversité des cultures", dans le but de permettre aux populations de traditions culturelles étrangères d'apporter leur contribution au vivre ensemble. Il souligne aussi l'importance du patrimoine, notamment folklorique, pour renforcer l'identité namuroise. Mais la réflexion est loin de me satisfaire. (Je renvoie à ce sujet à mon livre "Namur et le Namurois sous nos yeux" qui comporte un important chapitre sur la culture à Namur).
Si donc j'ai une suggestion à faire à l'équipe qui prépare "Namur2030", c'est d'étoffer ce volet de la culture, en répondant aux deux questions : Comment exprimer la diversité culturelle namuroise (et donc s'ouvrir aux autres) et comment, en même temps, renforcer notre identité (et donc valoriser nos traditions) ? Ces deux objectifs sont apparemment contradictoires, mais ils doivent être rencontrés l'un et l'autre pour que tous les Namurois, de quelque origine et de quelque génération qu'ils soient se sentent concernés.
La danse, le folklore, la musique, le sport... peuvent y contribuer, mais cela ne suffit pas. J'invite à poursuivre la réflexion.
(à suivre)