26/02/2023
[TW - AUTOAGRESSION]
Des bleus sur l’avant-bras, des coupures dans la chair et des douleurs aux joues.
Puis la honte et la culpabilité, encore et toujours.
Un sujet dont je n'ai pas envie de parler, mais qui est je pense important à mentionner.
J’ai fait une crise. Sans réelle raison. Parce que la fatigue, parce que la dépression, parce que le cumul de frustrations. Parce que je perds complètement le contrôle sur mes émotions. Alors, impulsivement, je m’agresse. Depuis l’enfance, c’est comme ça que les débordements émotionnels se manifestent : un mélange de colère et de violence.
Me couper, me mordre, me gifler, m’arracher les cheveux, hurler, me griffer, puis parfois, quand je redescends, me prostrer dans un coin et balancer la tête d’avant en arrière contre le mur, mécaniquement. Mais en grandissant, j’ai appris à mieux me contrôler, à mieux extérioriser mes émotions plutôt que de les réprimer pour éviter les débordements. Les crises sont assez rares, et se font plutôt contre mon environnement à coups d’objets balancés sur le mur ou sur le sol. Je me suis quelques fois fait la réflexion que je n’avais plus eu d’explosion depuis très longtemps et que ça fait plaisir de constater ma propre évolution.
Et puis. La fatigue et la dépression, donc. Petit à petit, les mauvais schémas reviennent. Quand je ne sais plus comment gérer, c’est la roulette de wartenberg sur la cuisse pour me calmer. Quand j’ai une montée de stress, d’angoisse ou de colère au travail, je me mords discrètement le doigt ou le poignet pour l’évacuer. C’est déjà de trop, mais ça reste modéré.
Jusqu’à ce jour où j’ai basculé. Des morsures qui ont laissé des bleus, des coupures superficielles et des gifles. Des années que je n’avais pas fait une telle crise. C’est le genre de truc dont on ne parle pas. On cache les marques tant bien que mal et on fait comme si ça n’existait pas. Parce qu’il y a trop de stéréotypes psychophobes autour des gestes d’auto-agressions. Parce qu’une personne adulte ne doit pas avoir ce genre de comportement. Parce que la crainte du jugement.
Le truc, c’est que l’auto-agression, c’est un geste incontrôlable, impulsif, de désespoir. Une façon d’évacuer. La douleur permet au corps de sécréter de la dopamine et de donner une impression d’apaisement. Ce n’est pas une solution viable, et j’aimerais ne plus jamais avoir à en arriver là. Mais plutôt que de m’auto-flageller, je préfère m’analyser. J’y vois un signe non-négligeable. Ce genre de perte de contrôle, ce n’est pas anodin. Surtout quand viennent des actes que l’on pensait derrière soi depuis longtemps. Agir devient plus qu’urgent.
En vrai, selon le fonctionnement du cerveau, les actes d’auto-agressions peuvent être monnaie courante. Par exemple en cas de dysrégulation émotionnelle, de surcharge sensorielle chez les personnes neurodivergentes, de trouble psychiatrique, ou encore de dépression profonde. Et je trouve ça dommage qu’on n’en parle pas d’avantage. Parce que du coup, on se sent seul·e et on se sent con·ne, on se dit que quelque chose cloche chez nous. Alors qu’on est, je crois, (beaucoup trop) nombreux·ses à souffrir en silence, à se sentir honteux·ses.
Il n’y a pas de recette magique pour lutter contre ça : travailler sur soi pour tenter d’identifier les causes, mettre en place le nécessaire pour ajuster son environnement et éviter autant que possible les crises… Ou trouver d’autres alternatives pour les apaiser quand elles surviennent. C’est pas gagné, mais c’est pas impossible, j’y suis bien arrivée pendant plusieurs années 😊
Prenez soin de vous ♥
NB. Je ne me suis fait aucun mal en réalisant ces photos, il s'agit juste de mises en scène pour illustrer le propos. Photos réalisées en pause longue.