Histoire, Mythes & Légendes / Echo des jours enfuis

Histoire, Mythes & Légendes / Echo des jours enfuis Que retiendrions-nous de l’Histoire sans les peintres, les sculpteurs, les poètes et les conteurs qui lui ont procuré une âme et un contour ?

Née à Sfax de parents kerkenniens, Olfa Charrad est Bac Lettres, diplômée en administration et finances du Centre Sectoriel de Formation aux Métiers du Tertiaire de Gammarth. Après avoir travaillé dans une banque et pour le Centre de Formation continue et de Promotion professionnelle à Tunis, elle y a rencontré son futur époux qu’elle a accompagné dans ses voyages autour du monde. Elle a mis à pro

fit ses connaissances pour travailler dans divers contextes diplomatiques tout en s’intéressant à l’art, l’histoire et la culture des pays, dont l’Algérie, le Rwanda, le Vietnam et la République Démocratique du Congo, dans lesquels elle a longuement séjourné. Passionnée de photographie, de littérature, d’art et d’anecdotes, elle participe avec son époux à l’animation sur les réseaux sociaux de la page « Histoire, Mythes et Légendes » qui compte 22 000 followers. Né à Beloeil en Belgique, Pierre Dulieu est Docteur en Sciences de l’Université Catholique de Louvain. Après un travail de chercheur à l’université et dans l’industrie, il a très vite travaillé pour le gouvernement belge à la mise en œuvre de projets de développement dans de nombreux pays. Ces longs séjours en terre lointaine lui ont permis de s’imprégner d’autres cultures ainsi que d’autres manières de penser. Habitant aujourd’hui avec son épouse dans l’archipel de Kerkennah en Tunisie, il écrit des articles pour des magazine divers, est rédacteur en chef d’un site internet consacré à la musique et, avec son épouse, anime sur les réseaux sociaux la page « Histoire, Mythes et Légendes ».

L’art peut être beau mais la beauté n’est pas nécessairement de l’art. La nature est belle et la copier telle quelle sur...
16/08/2024

L’art peut être beau mais la beauté n’est pas nécessairement de l’art. La nature est belle et la copier telle quelle sur une photographie ou sur une toile demande certes de la technique mais ce n’en est pas moins une esthétique de carte postale. En ce sens, les paysages d’Egon Schiele sont bien de l’art. Il ne les peignait d’ailleurs pas en extérieur mais de mémoire dans son atelier. Personnage complexe à la sensibilité exacerbée, ce peintre autrichien était en rébellion contre le conservatisme ambient du début du XXe siècle. Ses nus et ses portraits montrent des personnages désarticulés saisis dans des poses inhabituelles, troubles et souvent érotiques. Quant à ses paysages, ils sont l’expression de la tristesse et du caractère éphémère de l'existence.

Ce tableau peint en 1917 montre quatre arbres dans un paysage de collines au crépuscule. Il n’est pas d’une immédiate beauté et la nature qui l’a inspiré l’est sans doute davantage mais il interpelle par sa mélancolie. Ce sont des teintes automnales rendues froides par l’emploi de la couleur bleue, et un des arbres a déjà perdu ses feuilles. Cette image n’est rien d’autre qu’une allégorie de la propre personnalité du peintre et du monde qui l’entourait, un monde en guerre, sans espoir, prêt à entrer dans un éternel hiver (« winter is coming »). Mais peut-être qu’Egon Schiele pressentait aussi la fin inéluctable de son propre destin, interrompu tragiquement une année plus t**d par le virus de la grippe espagnole.

Egon Schiele : Quatre arbres, 1917 (Palais du Belvédère, Vienne)

AnachronismeA la veille de la guerre de Trente Ans, vers 1600, la population de Milan comptait environ 120.000 habitants...
08/08/2024

Anachronisme
A la veille de la guerre de Trente Ans, vers 1600, la population de Milan comptait environ 120.000 habitants alors que la métropole moderne en compte 4 millions (sans parler des deux millions de touristes qui la visitent chaque année). A cette époque, le Duomo était un vaisseau de pierre majestueux planté au cœur de la cité. Aujourd’hui, la cathédrale semble engoncée parmi les constructions diverses et la contemplation de ses flancs ne peut se faire qu’en oblique. Sur son toit immense, véritable forêt de statues et de piliers, la vue surplombait jadis toute la ville et s’étendait loin jusqu’à la plaine lombarde et au-delà jusqu'aux sommets enneigés des Alpes. Elle est maintenant limitée par les gratte-ciels qui disputent au Duomo sa suprématie : la spiritualité s’oppose au monde matériel des affaires tandis que passé et présent s’enlacent dans un surprenant décor anachronique.

Photo O. Charrad / P. Dulieu

Ce splendide masque de femme a été réalisé au XVe siècle par le sculpteur Francesco Laurana originaire de Vrana en Dalma...
27/07/2024

Ce splendide masque de femme a été réalisé au XVe siècle par le sculpteur Francesco Laurana originaire de Vrana en Dalmatie. Créateur de sculptures diverses accomplies sur base de commandes en France, à Naples et à Palerme, il est aussi l’auteur de mystérieuses figures féminines dont la destination reste incertaine. Ces visages ciselés dans le marbre affichent pour la plupart une expression étrange de douceur mélancolique qu’on ne retrouve guère dans ses œuvres monumentales. Plus t**d, certains ont voulu y voir une représentation de la Madone mais absolument rien ne permet de retenir cette interprétation. Ce qu’on sait est ce qu’on voit : un visage de femme surgi du passé, les yeux mi-clos, un sourire narquois à peine esquissé qui laisse deviner une attitude calme et résignée. Quant au contexte, enfoui dans les replis du temps, il nous restera à jamais inaccessible.

Photo : O. Charrad / P. Dulieu

06/07/2024

Gandhara, une région d’Afghanistan qui se trouvait jadis sur la route de la soie, fut vers le quatrième siècle un étonnant creuset de cultures et de religions. Soucieux de s’attirer les bonnes grâces des dieux avant d’entreprendre un long voyage, les riches marchands de tous horizons étaient enclins à financer la construction de stupas, monastères et temples divers. C’est donc au Gandhara qu’eut lieu cette improbable fusion entre des styles aussi différents que l’art classique gréco-romain et l’art indien ou chinois. Du coup, les bouddhas antiques de cet endroit ont un drôle d’air avec l’œil de la connaissance côtoyant de fières moustaches, des barbes et des cheveux bouclés de pâtre grec, en plus d’être revêtus de toges amples aux plis savamment sculptés.

Photo Olfa Charrad / Pierre Dulieu

Que retiendrions-nous de l’Histoire sans les peintres, les sculpteurs, les poètes et les conteurs qui lui ont procuré une âme et un contour ?

Cette tête splendide est celle du pharaon Ptolémée II Philadelphe. Le souverain y est représenté coiffé du « némès » tra...
26/06/2024

Cette tête splendide est celle du pharaon Ptolémée II Philadelphe. Le souverain y est représenté coiffé du « némès » traditionnel égyptien. L’apparence de la statue répond aux canons artistiques égyptiens mais avec une influence hellénistique au niveau du réalisme de la coiffe et du visage. Fils d'un général macédonien d'Alexandre le Grand, Ptolémée II est resté dans l'histoire comme le souverain qui a lancé le fonctionnement de la légendaire bibliothèque d’Alexandrie. C’est notamment lui qui a envoyé des cavaliers aux quatre coins du monde avec pour mission de collecter auprès des rois et des grands hommes les copies de toutes les œuvres publiées afin de constituer un fond de 500 000 volumes pour la première grande bibliothèque publique de l’histoire humaine. Derrière ce sourire énigmatique se cachait un homme ambitieux, cultivé et ouvert, soucieux de connaître les peuples et leur savoir : son règne, de 284 à 246 avant J.-C., fut une période de prospérité et d'expansion du royaume lagide.

(Photo Olfa Charrad & Pierre Dulieu / Museo Egizio Torino)

Trois imposantes statues égyptiennes de chat.(Musée égyptologique de Turin, Photo O. Charrad / P. Dulieu)
23/06/2024

Trois imposantes statues égyptiennes de chat.

(Musée égyptologique de Turin, Photo O. Charrad / P. Dulieu)

Les amateurs de manuscrits anciens ne peuvent qu’être fascinés par cet exemplaire du Coran daté de Ramadan 965 AH / 1558...
20/06/2024

Les amateurs de manuscrits anciens ne peuvent qu’être fascinés par cet exemplaire du Coran daté de Ramadan 965 AH / 1558 AD. La calligraphie « nashk - قلم النسخ » en noir sur des feuilles parsemées d’or et décorées de multiples enluminures est splendide. Cet exemplaire a été copié par le scribe Muhammad ibn Mirak à Herat, une ville de l'Ouest de l'Afghanistan proche des frontières de l'Iran et du Turkménistan. Protégé par une reliure en plein maroquin, sa conservation est exceptionnelle. Le manuscrit est ici présenté ouvert sur les deux premières sourates : La Fatiha / La Liminaire (ٱلْفَاتِحَةِ) et La Vache (الْبَقَرَةِ).

(Musée d'Art oriental de Turin / Photo © O. Charrad et P. Dulieu)

Les piliers de la terre.Sur le toit de la cathédrale de Milan. Commencée en 1386, il aura fallu 5 siècles et demi pour l...
17/06/2024

Les piliers de la terre.

Sur le toit de la cathédrale de Milan. Commencée en 1386, il aura fallu 5 siècles et demi pour la terminer.

(Photo O. Charrad / P. Dulieu)

Quand on lit, on ne tombe pas amoureux de l’apparence des personnages. On tombe amoureux de leurs mots, de leurs pensées...
05/06/2024

Quand on lit, on ne tombe pas amoureux de l’apparence des personnages. On tombe amoureux de leurs mots, de leurs pensées et de leurs cœurs. Nous tombons amoureux de leurs âmes… (Anonyme)

Jeune femme dans la bibliothèque, Jean Baptiste II Charpentier (1779 - 1835)

SHANGRI-LANé à Saint-Pétersbourg en 1874, Nicholas Roerich était beaucoup plus qu’un peintre, aussi talentueux soit-il. ...
30/05/2024

SHANGRI-LA

Né à Saint-Pétersbourg en 1874, Nicholas Roerich était beaucoup plus qu’un peintre, aussi talentueux soit-il. Il fut non seulement pédagogue, décorateur pour des ballets, explorateur, archéologue, essayiste, poète mais également théosophe, adepte de la connaissance des mystères cachés de l'univers. Aussi ses oeuvres sont souvent bouleversantes parce qu’au-delà de leur beauté formelle, elles sont empreintes d’une intense spiritualité.

Roerich a connu l’exil politique, d’abord en Scandinavie, puis en Angleterre et enfin aux États-Unis mais, attiré par l’hindouisme et le bouddhisme, c’est en Asie centrale, et en Inde plus particulièrement, qu’il trouva matière à alimenter son insatiable soif de mysticisme. Il se lancera même dans une fantastique expédition pour trouver Shambhala, le royaume utopique tibétain que James Hilton appelait Shangri-la. Mais ce pays est une terre mythique qui n’existe que dans les esprits et à laquelle seuls peuvent accéder ceux qui ont acquis un haut kharma suite à la qualité de leurs actes.

Roerich ne découvrit jamais la cité légendaire mais ses splendides peintures de l’Himalaya réalisées en itinérance témoignent que dans sa tête, c’est bel et bien le Shangri-la qu’il voyait.

📷 Les Himalayas de Nicholas Roerich (1874 - 1947)

MALACCA MULTICULTURELLEEntre Kuala Lumpur et Singapour, Malacca a l’aspect d’une petite ville multiculturelle. C’est par...
25/05/2024

MALACCA MULTICULTURELLE

Entre Kuala Lumpur et Singapour, Malacca a l’aspect d’une petite ville multiculturelle. C’est parce que, stratégiquement située dans le détroit de Malacca, elle reflète cinq siècles de contacts culturels et commerciaux entre l’Orient et l’Occident. Comme beaucoup d’autres cités, Malacca doit son nom à un arbre (un groseillier de Ceylan) sous lequel le dernier roi de Singapour en fuite se serait reposé un peu avant 1400 avant de décider de fonder à cet emplacement une nouvelle communauté. Une communauté qui deviendra rapidement le port le plus important de la région, les Chinois étant les premiers à y installer des comptoirs dès 1403, bientôt suivis par les commerçants arabes.

Les Portugais prirent la ville en 1411. Ils y construisirent une forteresse, christianisèrent en masse et lancèrent des expéditions vers les Moluques avec en tête l’idée de s’assurer le monopole de la noix de muscade et, surtout, du clou de girofle, une épice d’une valeur inestimable qui poussait jadis exclusivement dans cet archipel. En 1641, ce sont les Néerlandais de la VOC (Compagnie néerlandaise des Indes orientales) qui, eux aussi avec des visées sur les Moluques, s’emparèrent de Malacca et chassèrent les Portugais. Finalement, Malacca fut cédée par le Traité de Londres de 1824 aux Britanniques qui la gouverneront jusqu’à la dissolution des colonies de la Couronne.

Cette histoire complexe où se mêlent les cultures malaise, chinoise, indienne plus celles des trois puissances coloniales européennes, explique le paysage urbain unique et le cosmopolitisme d’une cité qui n’a guère son égal en Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, la rivière est ensablée et les activités portuaires se sont déplacées plus au Sud vers Singapour mais Malacca est restée une ville d’Histoire. Le cimetière et le quartier chinois, le palais du Sultan reconstruit en réplique, les vestiges de la forteresse portugaise (la porte de Santiago), l’église portugaise de la Mère-de-Dieu rebaptisée St. Paul, la Place hollandaise avec la Stadthuys en briques rouges et l’église protestante du Christ, la fontaine de la Reine Victoria, Little India, tout ici atteste d’un riche passé où aucune composante n’a été occultée. Quant à la mosquée Kampung Kling, le sanctuaire bouddhiste Cheng Hoon Teng et le temple hindou Sri Poyatha Moorthi, qui sont bâtis à proximité l’un de l’autre, ils témoignent qu’avec un peu de bon sens, la coexistence pacifique entre toutes les croyances n’est pas une utopie.

📸 Voir légendes sous les photos.

GRAINE DE VIEQuel est votre chiffre porte bonheur ? Le mien est le « 7 ». Les références ne manquent pas pour justifier ...
18/05/2024

GRAINE DE VIE

Quel est votre chiffre porte bonheur ? Le mien est le « 7 ». Les références ne manquent pas pour justifier un tel choix. Ainsi, on compte 7 jours dans la création (le septième étant un jour d’abstention), 7 péchés capitaux (et désormais un film célèbre qui leur fait référence : Seven), 7 vertus cardinales et théologales, 7 cercles de l’enfer, 7 notes dans la gamme diatonique, 7 métaux dans le codex des alchimistes, 7 merveilles du monde, 7 couleurs dans l’arc-en-ciel, 7 fléaux de Dieu, 7 tours pour les pèlerins musulmans autour de la Kaaba, 7 branches pour la Menorah (chandelier des Hébreux), 7 chakras ou centres d’énergie dans le corps humain, 7 portes ouvrant sur le Temple de Jérusalem, 7 versets dans la sourate Al Fatiha, 7 pierres pour lapider Satan, 7 têtes pour le Nâga de la religion hindouiste … et j’en passe beaucoup d’autres.

Dans l’Histoire des hommes, le chiffre 7 a son importance. Ainsi dans l’antiquité, la nuit égyptienne constituait un cycle de 12 heures au cours duquel le soleil, protégé par des dieux, parcourt le fleuve d’en bas dans son navire de la nuit et c’est à la septième heure du périple que le serpent mauvais Apophis surgi des ténèbres tente d’engloutir la barque et ses occupants. En Grèce, le groupe quasi légendaire des « sept sages » présocratiques initia la naissance de la philosophie occidentale. A l’époque romaine, la « septima hora » constituait un « point d’inflexion » correspondant à minuit et à midi respectivement pour les 12 heures nocturnes et les 12 heures diurnes qui composaient la journée de 24 heures.

En astronomie / astrologie, sept est le nombre de corps errants que l’on voit à l’œil nu dans notre système et c’est aussi la durée arrondie en jours d'un quartier de Lune. En conséquence, la vie des hommes est rythmée par des semaines de 7 jours qui s’assemblent selon un cycle lunaire. C’est pour cette raison que le chiffre 7 est censé porter chance aux natifs du Cancer dont la planète gouvernante est la Lune.

Enfin en occultisme, le nombre 7 invite à la réflexion et est associé aux chercheurs de vérité, attirés par le mystère et l’inexpliqué. Et si la graine de vie est constituée de 7 cercles imbriqués, le nombre 7 a aussi un versant magique : le sept est une carte aux vertus spéciales tandis que le septième fils, appelé « marcou » en France, possède des pouvoirs mystiques.

Ainsi, que l’on y croie ou pas, la numérologie et le symbolisme des nombres restent intéressants à étudier ne serait-ce que parce que, dans tous les âges et dans toutes les civilisations, ils ont toujours exercé une influence profonde sur les croyances, les mythes et les comportements humains.

📸 La Graine de Vie est une figure simple de la géométrie sacrée. Composée de sept cercles, elle symbolise la genèse du monde et sert de base à des créations plus complexes aux significations spirituelles comme la Fleur de Vie et l’Arbre de Vie.

Olfa Charrad et Pierre Dulieu : Echo Des Jours Enfuis

UNE (PETITE) LEÇON DE PHILOSOPHIELes peintures peuvent être des sources de connaissance de la société dans laquelle elle...
11/05/2024

UNE (PETITE) LEÇON DE PHILOSOPHIE

Les peintures peuvent être des sources de connaissance de la société dans laquelle elles ont été créées ou plus simplement des sources de ravissement mais certaines d’entre elles invitent en plus au questionnement et à la réflexion. Ce tableau de Reyer Jacobs Van Blommendael, réalisé entre 1660 et 1670, est encore plus que ça : il traduit un événement comique de la vie de Socrate, tel que rapporté par le biographe du IIIe siècle Diogène Laërce, qui met en exergue son étonnante attitude philosophique dans la vie quotidienne.

On y voit Socrate sur le perron de sa maison, accoudé sur une pierre qui porte l’inscription « connais-toi toi-même ». Au-dessus de lui, ses deux épouses, Myrtonne et Xanthippe, ont bien tenté de capter son attention mais Socrate, impassible, a le regard fixé sur son jeune et beau disciple Alcibiade qui arrive avec son chien. D’après Xénophon et Diogène Laërce, Xanthippe a un caractère bien trempé et s’emporte à la moindre contrariété. Furieuse d’être délaissée, elle verse une cruche d’eau (ou son pot de chambre selon une autre version) sur la tête de son mari qui reste de marbre, accroissant encore sa fureur.

Beaucoup de ses disciples ont demandé à Socrate pourquoi il s’était marié avec une femme de caractère mettant à mal la paix de son âme alors qu’il en avait tant besoin pour penser. La réponse est finement suggérée dans une comédie en vers de 1886 écrite par Théodore de Banville. Lors d’une dispute conjugale en présence d’amis dont le couple est coutumier, on y voit Xanthippe entrer dans une telle colère qu’elle s’évanouit si bien que son mari la croyant morte lui avoue qu’il l’aime. Entendant ces paroles, Xanthippe se réveille et tombe aux pieds de son mari : « Voilà que je retombe en mon égarement. Ta Xantippe n’est rien que démence et tourment. Hélas ! à quoi, taillée en une telle étoffe, Peut-elle donc servir ? ». Sur quoi, stoïque comme toujours, Socrate répond : « A faire un philosophe. »

📸 Xanthippe déverse son pot de chambre sur Socrate, Reyer Jacobsz van Blommendael, entre 1660 et 1670, musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

LE NEZ DE CLEOPATRE (Uchronies)Il existe un genre littéraire dont je suis friand : on l’appelle « uchronie », un terme i...
03/05/2024

LE NEZ DE CLEOPATRE (Uchronies)

Il existe un genre littéraire dont je suis friand : on l’appelle « uchronie », un terme inventé en 1876 par le philosophe Charles Renouvier pour décrire une Histoire qui n’est pas advenue mais qui aurait pu être. Ces récits fictifs sont généralement imaginés par des écrivains comme la conséquence d’un évènement clé qui se serait déroulé différemment de ce qui s’est réellement passé, provoquant ainsi un futur différent du nôtre tel celui d’un monde parallèle inaccessible mais possible. Ce type de raisonnement contrefactuel est d’autant plus intéressant qu’il est construit d’une manière logique et qu’il repose sur un point de divergence réaliste capable de faire basculer l’Histoire dans un sens ou dans l’autre.

L’un des premiers « uchronistes » de l’Histoire fut Tite-Live qui, dans le livre IX de son ouvrage « L'Histoire de Rome depuis sa fondation » débuté en 31 av. J.-C., imagine ce qu’aurait été le monde si Alexandre le Grand s’était tourné vers l’Ouest au lieu de l’Est et avait décidé de conquérir l’Europe plutôt que l’Asie. Evidemment, Tite-Live étant Romain, il était convaincu que ses compatriotes n’auraient eu aucune peine à vaincre Alexandre dont les travers sont révélés et qui, face à la puissance de Rome, se serait retrouvé dans la situation précaire du P***e Darius, adversaire peu glorieux des Macédoniens selon Tite-Live. Cette idée sera reprise deux millénaires plus t**d par Javier Negrete dans son roman « Quand Alexandre défie Rome ».

Nombreux au XXe siècle ont été les historiens/écrivains à réfléchir à ce qui ne s’est pas produit mais qui aurait pu advenir « SI » … Spartacus avait été victorieux (Paul Veyne), si l'Empire romain n'avait jamais disparu (Robert Silverberg), si la civilisation Européenne ravagée par la peste s’était éteinte au Moyen-Âge (Kim Stanley Robinson), si Christophe Colomb n’avait pas atteint l’Amérique (Laurent Binet), si l’Allemagne nazie avait gagné la guerre (Robert Harris), si Hi**er avait conquis les Etats-Unis (Philip K. Dick), si JFK n’avait pas été assassiné (Stephen Baxter) … etc.

Outre le champ infini de ses possibilités narratives, l’uchronie invite à réfléchir sur les mécanismes, les causes, les conséquences et les hasards qui ont façonné le monde d’aujourd’hui. Les univers alternatifs ainsi imaginés, souvent avec rigueur, réalisme et précision, sont possibles et s’ils nous émeuvent tant, c’est parce qu’ils nous touchent : quand l’Histoire bifurque, notre vie personnelle et nos convictions s’en trouvent bouleversées. Enfin, en considérant l’Histoire comme résultant d’une suite de décisions mineures, de passions irrépressibles ou d’évènements hasardeux, l’uchronie tranche les nœuds gordiens d’un implacable déterminisme, indiquant en filigrane combien la fortune est aveugle et toute destinée volatile. La célèbre phrase de Blaise Pascal, « Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé », ne dit pas autre chose.

📸 Douze uchronies conseillées.

LA MUSIQUE DES SPHERESNé vers 580 avant J.-C. dans l’île de Samo, Pythagore est celui qui, pour la première fois dans le...
20/04/2024

LA MUSIQUE DES SPHERES

Né vers 580 avant J.-C. dans l’île de Samo, Pythagore est celui qui, pour la première fois dans le monde, s’est qualifié de « philosophe » qui signifie « amoureux (philos) de la sagesse (sophia) ». Mais il était aussi mathématicien, géomètre, musicien, astronome et … magicien. A son époque, le ciel des Grecs comprenait deux luminaires (le Soleil et la Lune) et cinq planètes en rotation autour de la Terre immobile. Selon Pythagore, l’univers est un ensemble harmonieux dont l’ordonnancement est basé sur les nombres et chacun des sept corps célestes émet un son qui dépend de sa distance à la Terre et de sa vitesse. Dans sa tête, l’astronome entendait ainsi des accords composés par la ronde des sphères en mouvement. C’est la « musique cosmique » ou « l’harmonie des sphères », attestée par Platon et Cicéron, que des générations d’artistes mentionneront ultérieurement dans leurs œuvres (entre autres l’opéra Sémélé de Haendel, Sphärenklänge de Josef Strauss et Music of the Spheres de Mike Oldfield – cette harmonie céleste est par ailleurs fort bien suggérée par Stanley Kubrick dans son énigmatique 2001, L’odyssée de l'espace).

A partir de la Renaissance, le développement des sciences et l’évolution des théories musicales ont progressivement fait reculer l’idée d’un globe terrestre au centre d‘un univers qui lui tourne autour en lui jouant une musique angélique, image mythique il est vrai d’une rare poésie. Ceci n’empêche toutefois pas les moines bouddhistes d’entendre encore des sons célestes. L’un d’entre eux est « OM », la vibration originelle de l’univers reproduite par certaines cloches (la ghanta dans les rituels hindous et bouddhistes) et qui représente le murmure harmonieux du cosmos à qui, en le psalmodiant correctement, il est possible de se connecter.

Et puis, on sait aujourd’hui que l’univers est loin d’être muet : le soleil par exemple émet des particules d’énergie qui, entrant dans la très haute atmosphère de la Terre, font vibrer les lignes de force de son champ magnétique comme les cordes d’une guitare. Quant aux étoiles, telles des balises cosmiques, elles émettent des ondes avec des fréquences qui leur sont propres et que l’on peut convertir en sons audibles pour l’oreille humaine. C’est la nouvelle musique des sphères que le compositeur Claude Samuel Lévine a mis en sons dans une œuvre musicale qui aurait sûrement ravi Pythagore et ses nombreux disciples. Comme le pensait Stanley Kubrick, toute technologie suffisamment avancée, avant qu’elle ne soit découverte, est inséparable de la magie !

📸 image de la pochette du disque Cosmos (1976) du musicien afro-américain Sun Ra qui prétendait entendre et jouer la musique des sphères.

- ANCIENS TABOUS -Alors qu'en Occident, homosexualité et hétérosexualité ne constituaient pas une dichotomie primordiale...
13/04/2024

- ANCIENS TABOUS -

Alors qu'en Occident, homosexualité et hétérosexualité ne constituaient pas une dichotomie primordiale dans l'antiquité, l’homosexualité a été largement stigmatisée dans la civilisation judéo-chrétienne en raison d’une très vieille histoire : celle de Sodome et Gomorrhe, racontée dans la Genèse de l'Ancien Testament, qui date d'au moins quatre siècles avant J.C (et également mentionnée plus t**d à plusieurs reprises dans le Coran, notamment au verset 80 de la sourate Al-Araf).

Ces deux villes sont décrites dans le texte sacré comme des lieux de débauche. Quand Dieu s'en est inquiété, il a envoyé deux anges sous apparence humaine pour vérifier si le péché était bien avéré. Loth, qui habitait à Sodome, les invita chez lui pour dormir mais, dans la nuit, les habitants se présentèrent à sa porte et lui réclamèrent les étrangers afin de les "connaître" (une traduction du terme yada qui, dans la Bible, est utilisé dans un contexte sexuel, Genèse 19.4-5). Loth proposa alors ses deux filles vierges en échange (un viol jugé moins inqualifiable !!!) mais les habitants refusèrent catégoriquement. Ainsi, les visiteurs constatèrent une double « abomination » : d'une part, le « péché de sodomie » (dérivé du nom de la ville, le terme homosexuel n'ayant été créé qu'en 1868) et d'autre part, le bafouement des lois de l'hospitalité. Informé par les anges, Dieu décida alors de détruire les deux villes sous une pluie de soufre et de feu.

Ce récit a justifié la condamnation de l'homosexualité par le judaïsme et ensuite par le christianisme, la sodomie étant dénoncée sans aucune ambiguïté dans les épitres pauliniennes (voir entre autres la lettre de Paul aux Romains, 18-32). Augustin d'Hippone, l'un des Pères de l'Église, soulignera plus t**d que, bien que la sodomie soit pratiquée sans honte par bien des peuples civilisés, l'épisode de Sodome confirme qu'elle tombe sous le jugement de Dieu. Par la suite, depuis l'empereur Justinien en 543, le texte de la Genèse a servi de justification à la répression de l'homosexualité même si l'église ne fut pas toujours prompte à faire respecter cet interdit. Au XVIe siècle, les réformistes retournant aux fondamentaux bibliques seront beaucoup plus intransigeants.

Le dernier crime de sodomie puni par la peine du feu eut lieu à Paris en 1750 (une plaque commémorative est dédiée aux deux victimes devant le 67 de la rue Montorgueil) et en 1791, il sera finalement dépénalisé en France par les révolutionnaires. Mais dans les faits, il faudra encore plus de deux siècles pour que les relations homosexuelles soient enfin laissées en paix par la justice pénale. Avant que sa conception du monde ne soit mise à mal par des philosophes et des scientifiques, la Bible eut un impact énorme sur les modes de vie en Occident où, de la fin de l'antiquité jusqu'au XVIe siècle, elle fit souvent force de loi.

📸 La destruction de Sodome et Gomorrhe par John Martin, 1852. A droite, séparés par un éclair de la fournaise anéantissant les deux villes, on aperçoit Loth et ses filles qui s’enfuient. Au loin, le même éclair semble frapper la femme de Loth qui, ayant désobéi à l’ordre des anges de ne pas regarder en arrière, est changée en statue de sel. Laing Art Gallery, Newcastle upon Tyne, Angleterre.

- LES ENNEMIS DU RIRE -« Rire est le propre de l'homme » est une expression - sans doute fausse - qui trouve son origine...
31/03/2024

- LES ENNEMIS DU RIRE -

« Rire est le propre de l'homme » est une expression - sans doute fausse - qui trouve son origine dans un traité d’Aristote et qui a été ainsi reformulée à la Renaissance par François Rabelais. Pour autant, on a peu d’information sur le rire dans l’antiquité. Aristote aurait pu nous en dire plus mais « De la comédie », le second livre de son ouvrage sur la Poétique, a bizarrement disparu, brulé d’après le roman « Le nom de la rose » d’Umberto Eco dans le grand incendie de la bibliothèque d’une certaine abbaye bénédictine médiévale.

Comme aujourd’hui, le rire n’était guère innocent hier et sa fonction, au-delà du soulagement individuel ou collectif, devait être multiple : se libérer de la peur, se révolter contre l’autoritarisme, dénoncer le pouvoir, ridiculiser les puissants, les riches, les nobles ou les tyrans. A l’instar du Dictateur du Charlie Chaplin de notre époque, les rares fragments des comédies d’Aristophane qui nous sont parvenus dénotent des velléités politiques qui rendaient sûrement le peuple hilare mais faisaient grincer des dents les autocrates.

Chez les Romains, la critique satirique était toujours d’actualité de même que l’attitude susceptible des empereurs qui voulaient exercer un contrôle direct sur le rire. On se souvient par exemple du pathétique Commode (celui du film Gladiator de Ridley Scott) à propos duquel le biographe Aelius Lampridius raconte que, croyant que le peuple s’esclaffait à ses dépens dans l’arène, il ordonna à ses soldats de parcourir les gradins et d’assassiner les rieurs.

Au Moyen-Âge, l’avènement de la civilisation judéo-chrétienne en Occident a considérablement restreint le rire : Jésus pleurait parfois mais, dans les Ecritures, son rire s’impose par son absence. Pour les chrétiens, le rire facile et fréquent ne pouvait que refléter un manque d’intériorité. D’ailleurs, pour tout autoritarisme religieux, la gaieté est suspecte et le rire condamnable. Dans la vallée des larmes qu’est la vie, la joie est pour plus t**d au paradis pour autant, bien sûr, qu’on ait gagné le droit d’y aller.

De nos jours, on se méfie toujours du rire, des humoristes et de la comédie surtout si elle est intelligente. C’est sans doute la raison pour laquelle la comédie est encore discréditée par rapport aux tragédies qui raflent souvent tous les honneurs. La censure veille et le rire reste dangereux car, comme l’écrit Irène Valejo dans son merveilleux livre « L’infini dans un roseau », le paradoxe et le drame du rire sont que « le meilleur est celui qui a tôt ou t**d des ennemis ».

📸 Fou riant de Jacob Cornelisz van Oostsanen, vers 1500 (Davis Museum, Wellesley College, Wellesley).

- CAUCHEMAR -La toile de Johann Heinrich Füssli montre simultanément une femme rêvant et le sujet de son rêve : des démo...
23/03/2024

- CAUCHEMAR -

La toile de Johann Heinrich Füssli montre simultanément une femme rêvant et le sujet de son rêve : des démons qui peuplent la nuit de sa chambre et la tourmentent en provoquant un horrible cauchemar. Füssli n'a donné aucune clé de lecture de sa peinture, laissant libre cours à l’imagination du spectateur. Grand amateur d’art, le peintre suisse s’est inspiré de divers tableaux et figurines mais, chose rare, n’a fait aucune référence dans son œuvre à un quelconque thème littéraire ou religieux. Sa peinture est ainsi une pure représentation de la connexion qui existe depuis l’aube de l’humanité entre la nuit, les rêves et les monstres. Füssli a intitulé son œuvre « The nightmare » renvoyant dans une sorte de calembour visuel à la « jument de la nuit » (the night mare en anglais) dont la tête aux yeux aveugles et argentés surgit de derrière des rideaux rouge sang.

Lors de sa première exposition à la Royal Academy de Londres en 1782, l’œuvre eut un impact considérable, devenant instantanément culte en enfonçant toutes les barrières de la raison. En voyant l’incube assis sur la poitrine de la femme endormie, les âmes les plus sensibles se sont remémoré cette étrange oppression ressentie durant les longues nuits d’anxiété. Ce clair-obscur gothique a marqué durablement de nombreuses personnes : depuis le poète Erasmus Darwin (grand-père de Charles) jusqu’au cinéaste Éric Rohmer en passant par Edgar Allan Poe. Freud lui-même était subjugué par cette peinture - et sans doute par sa sensualité exacerbée - dont il plaça une reproduction sur un mur de son cabinet à Vienne, telle une allégorie de la psychanalyse naissante.

Pour ma part, je n’y vois que l’une des innombrables créations dépeignant les monstres qui peuplent l’inconscient des hommes depuis son apparition. En plein siècle des Lumières marqué par le rationalisme, ce sont encore les peurs irrationnelles qui dominent l’art de Johann Heinrich Füssli et émeuvent les gens. Inutile de résister : les créatures imaginaires les plus terrifiantes font partie de tous les âges et de toutes les civilisations et, du Minotaure de la mythologie grecque au Dracula de Bram Stoker, ils continueront à nous hanter comme les fruits horrifiques de l’imagination illimitée qui caractérise l’humanité.

📸 The Nightmare par Johann Heinrich Füssli, 1781 (Detroit Institute of Arts).

Nous sommes heureux de vous informer de la sortie en librairie du livre « Echo des Jours Enfuis » réalisé par les rédact...
17/03/2024

Nous sommes heureux de vous informer de la sortie en librairie du livre « Echo des Jours Enfuis » réalisé par les rédacteurs d’Histoire, Mythes & Légendes. Si vous aimez cette page, vous l’apprécierez probablement aussi ! C’est un livre pour voyager autrement, qui invite à appréhender le monde par les reflets de son passé et, incidemment, à mieux se connaître soi-même. Grâce à une impression de qualité, les photos originales y sont resplendissantes et les textes qui les accompagnent agréables à lire dans un format convivial.

Olfa Charrad & Pierre Dulieu, Echo des Jours Enfuis, Contraste Editions / Dragon Editions, 2024.

Déjà disponible dans les librairies tunisiennes : Culturel, FNAC, Mille Feuilles, Clairefontaine, Alaeddine, Librairie Fendri Ali … ) ou en ligne pour l’international (MP à l’un des auteurs).

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Pourquoi Histoire, Mythes et Légendes?

Ce que j'ai vu, ce que j'ai cru avoir vu, ou ce qu’on m’a raconté. Parce que l'histoire fait partie de nous, parfois à notre insu. Parce que les mythes et les légendes racontent l'histoire à leur manière. Et parce que l'univers dans lequel on vit n'est qu'une page blanche pour notre imagination.

Même si de nouvelles histoires seront régulièrement ajoutées à cette page, ce sera aussi l'occasion de revoir d'anciennes publications trop vite disparues dans le raz-de-marée incessant du flux d'actualités (un flot par ailleurs de plus en plus furieux et incontrôlable au fur et à mesure que le nombre d'amis augmente).

Cette page dédiée permettra en outre de réunir des textes et des photographies traitant globalement d'un même sujet tout en les rendant moins éphémères. Elle peut donc se lire comme un magazine même si, par son interactivité, elle se définit d'abord comme un lieu d'échanges permanent où chacun peut faire part de ses propres découvertes, de ses réflexions et, surtout, de ses émotions.

Vive l'aventure et les voyages ! vive l'histoire et ses légendes ! vive la vie et vive nous !


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